Assurance emprunteur : comment bien renégocier son contrat ? – Interview podcast La Martingale

Par Lily
Le 7 juillet 2022

Sonia Elmlinger, directrice générale de Social Care Consulting, intervient dans le podcast La Martingale de Matthieu Stefani sur le sujet de l’assurance emprunteur. Comme rappelé par Matthieu Stéfani au début du podcast, “L’assurance emprunteur est le truc que tu signes sans faire gaffe. J’ai fait une bonne négo sur l’emprunt mais je ne me suis pas trop occupé de l’assurance emprunteur”. Or l’assurance emprunteur peut représenter jusqu’à 40% du coût total de l’emprunt. Son coût n’est donc pas négligeable. Avec la loi Lemoine, à partir de Septembre 2022, les emprunteurs ayant un contrat d’assurance de prêt en cours vont pouvoir changer d’assurance à tout moment et faire davantage jouer la concurrence. Mais alors comment bien renégocier son contrat?

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Qu’est ce que l’assurance emprunteur?

L’assurance emprunteur c’est comme une assurance prévoyance. Elle couvre l’emprunteur en cas de décès, d’invalidité ou d’arrêt de travail et qu’il ne peut plus rembourser ses mensualités.

98% des prêts sont couverts par une assurance emprunteur. Elle n’est cependant pas obligatoire légalement. La banque peut en effet prendre une garantie autre telle qu’une hypothèque ou une assurance vie mais elle exige souvent une assurance pour accorder un prêt. Elle se couvre en cas de défaillance de l’emprunteur.

L’assurance emprunteur concerne tout type de prêt (immobilier, parking, prêt professionnel, crédit auto)

Le coût de l’assurance emprunteur dépend de différents facteurs tels que l’âge de l’assuré, son état de santé, sa profession, son hygiène de vie ou ses éventuels comportements à risque. En cas de profil jugé trop risqué par l’assurance, elle peut soit décider d’appliquer une surprime et faire payer plus cher l’assurance soit carrément refuser d’assurer l’emprunt.

« Il faut davantage voir l’assurance emprunteur comme une garantie de prévoyance pas comme un coût. Par exemple, en cas d’arrêt de travail, on n’a plus de revenus quand on est entrepreneur. On est donc content d’avoir cette assurance pour prendre en charge la plus grosse dépense mensuelle du foyer. »

Le problème est que certaines personnes avec des problèmes de santé n’arrivaient plus à emprunter et finissaient par ne plus déclarer de problème de santé. En cas de soucis, sans déclaration, ils n’étaient pas couverts, entraînant des situations très compliquées pour de nombreuses familles.

Assurance Emprunteur : ce qu’apporte la loi Lemoine

Avec la nouvelle loi Lemoine, à partir du 1er septembre, il est possible de changer d’assurance à tout moment et ainsi de faire marcher la concurrence plus facilement. La seule condition est que le nouveau contrat d’assurance respecte les garanties minimums exigées par la banque.

Cette loi libéralise complètement le marché et c’est une très bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat. En effet, sur toute la durée de l’emprunt on peut aller chercher entre 5000 et 15000 € d’économies avec des garanties équivalentes.

Avec cette libéralisation, on espère voir une baisse des prix des assurances. Mais ce n’est pas sûr. En effet, avec la suppression du questionnaire de santé en dessous de 200 000€ d’emprunt, les assureurs sont à l’aveugle sur l’évaluation du risque des profils des emprunteurs . Ils risquent de vouloir compenser cela par une augmentation des prix sur l’ensemble des contrats.

“Sur 100€ de cotisation, il n’y a qu’un tiers de sinistre. Donc les assureurs ont une petite marge pour baisser les prix.”

Comment changer d’assurance emprunteur ?

Il existe plusieurs dizaines de compagnies d’assurance proposant ce type de contrat. On peut soit utiliser des comparateurs d’assurance de prêt en ligne pour gagner du temps ou alors faire appel à un courtier pour bénéficier d’un conseil personnalisé.

Les informations à fournir aux assureurs sont généralement la banque prêteuse pour connaitre les garanties minimums exigées, le montant du capital restant dû, la durée d’emprunt restante, la quotité et le taux d’emprunt. Une fois les différentes offres obtenues, il faut bien les comparer et regarder les conditions générales d’assurance pour voir si le contrat est vraiment adapté à sa situation.

Une fois le nouveau contrat signé, il faut envoyer une lettre de résiliation par courrier recommandé à sa banque avec le nouveau contrat et la date de fin de contrat souhaitée.

“Il faut être sûr d’avoir la nouvelle assurance avant de résilier l’ancienne”.

La banque dispose d’un délai de 10 jours ouvrés pour accepter ou refuser la délégation d’assurance. Elle dispose ensuite d’un délai supplémentaire de 10 jours pour rédiger l’avenant au contrat de prêt qui devra être signé par l’emprunteur.

La nouvelle assurance se met en place automatiquement à la date convenue.

Est ce toujours intéressant de changer d’assurance ?

Il n’est pas toujours intéressant de changer d’assurance de prêt. C’est pourquoi, il est important de bien étudier la question.

Par exemple, si votre état de santé s’est dégradé depuis la souscription et qu’il reste plus de 200 000€ à rembourser ce n’est pas forcément intéressant. En effet, la demande sera soumise à un questionnaire de santé, ce qui pourra entrainer une surprime par rapport à l’offre annoncée.

N’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels comme Social Care Consulting pour vous conseiller.

Le banquier peut il revoir les conditions du prêt en cas de changement d’assurance?

Les banques sont des courtiers en assurance emprunteur donc elles gagnent de l’argent sur l’assurance (15-20% de la cotisation). La délégation d’assurance représente alors une perte de marge pour elles.

Néanmoins, si on part ailleurs pour l’assurance, le banquier n’a pas à changer le taux du crédit. Il trouvera un autre produit à vendre pour compenser la perte de la marge liée à la perte de l’assurance emprunteur.

Très souvent les emprunteurs acceptent l’assurance de prêt de la banque au départ pour bénéficier de bonnes conditions d’emprunt puis la résilient ensuite pour bénéficier des tarifs plus avantageux de la concurrence. La nouvelle législation risque d’amplifier cette pratique.

Les points de vigilance quand on renégocie son assurance de prêt

La quotité

Il est important de regarder la quotité c’est à dire la part de la mensualité prise en charge par l’assurance en cas de sinistre. Dans le cas d’un emprunt individuel, la quotité est obligatoirement de 100%. En cas d’emprunt à plusieurs, il est possible de jouer sur les quotités pour faire évoluer la cotisation. La quotité est définie en fonction du besoin de chacun mais doit être de 100% minimum sur l’ensemble des emprunteurs quoiqu’il arrive.

Quand on emprunte à deux par exemple, il peut être intéressant d’adapter la quotité à la répartition des revenus de chacun. Celui qui apporte le plus de revenus doit avoir la quotité supérieure. Il est ainsi possible de choisir une répartition 0/100 si l’un des co-emprunteurs n’a aucune source de revenus. S’il y a une grosse différence de revenu, on peut avoir une couverture à 100% sur le plus gros revenu et 50% sur le revenu de l’autre mais cela coûtera plus cher puisque le prêt est mieux couvert. En cas de revenus équilibrés, il est plus avantageux de choisir une répartition 50/50.

Pour avoir la couverture la plus complète, il est recommandé de choisir une quotité 100/100. Une quotité à 100% sur chaque emprunteur signifie qu’en cas de sinistre survenant à l’un des emprunteurs, l’assurance rembourse l’intégralité de la mensualité. Cela décharge ainsi totalement le co-emprunteur du poids de l’emprunt. Cette quotité globale de 200% est évidemment la plus onéreuse mais c’est celle qui couvre le mieux surtout en cas de profil à risque.

Parfois la banque impose la quotité selon la situation financière des emprunteurs afin de mieux se protéger.

Les garanties

L’important c’est de bien se couvrir sur les garanties de base.

Dans le cas d’un emprunt pour achat de la résidence principale, les trois garanties obligatoires et imposées par la banque sont : le décès, l’invalidité et l’arrêt de travail. La seule garantie facultative est la garantie perte d’emploi. D’ailleurs cette dernière, couvrant le chômage, n’est pas souvent souscrite car elle est très chère et n’est finalement pas très intéressante vu son prix. La garantie Perte d’Emploi ne concerne même pas 10% des prêts.

En cas d’emprunt pour un investissement locatif, seules les garanties Décès et Invalidité sont obligatoires. Même si les mensualités sont généralement couvertes par le loyer perçu, il y a parfois un delta qui doit être pris en charge par l’assurance en cas de perte de revenus. Si on est entrepreneur, prendre la garantie Arrêt de travail peut être intéressant en fonction du coût. Les TNS et indépendants sont en effet beaucoup moins bien couverts par le régime de base de la Sécurité Sociale.

“On a toujours intérêt à se couvrir davantage si l’économie réalisable n’est pas énorme.”

Les exclusions

Il est très important de regarder les exclusions c’est à dire les situations ayant causé un sinistre (décès, invalidité, arrêt de travail) et pour lesquelles l’assurance ne prendra pas en charge le remboursement de l’emprunt.

Les exclusions peuvent être l’exercice d’un métier à risque, la pratique de sports extrêmes ou tout comportement risqué (conduite en état d’ivresse etc…). Parfois, les gens qui pratiquent beaucoup de kilomètres en voiture doivent le déclarer.

Les exclusions peuvent être différentes selon les garanties. Il faut donc bien éplucher les conditions générales.

Il est très important de déclarer à l’assurance si on est concerné par une exclusion. Même si cela entraine une surprime, au moins, on est couvert en cas de pépin. Sinon on paye pour une assurance qui ne nous couvre pas s’il nous arrive quelque chose. C’est dommage…

Contrat indemnitaire ou forfaitaire

Un contrat indemnitaire indemnise seulement selon la perte de revenus alors que le contrat forfaitaire prend en charge la totalité de l’emprunt quelle que soit la perte de revenus. Chaque contrat peut avoir des modalités différentes. Il faut donc bien se renseigner.

Les conseils pour renégocier son assurance emprunteur quand on est indépendant

Quand on est TNS, on n’est beaucoup moins bien couvert que les salariés par le régime de prévoyance de la Sécurité Sociale. On bénéficie de très peu d’indemnités journalières en cas d’arrêt maladie par exemple. Le conseil en matière d’assurance emprunteur est alors de prendre une franchise plus courte comme par exemple 30 jours sur la garantie arrêt de travail. On est ainsi couvert dès le premier mois en cas d’immobilisation longue.

Cette garantie Arrêt de travail n’est pas exigée dans le cadre d’un investissement locatif mais elle peut être utile pour les travailleurs non salariés. Généralement plutôt dans l’achat de sa résidence principale.

Pourquoi faire appel à un courtier dans la recherche et la souscription d’une assurance emprunteur ?

L’avantage d’un courtier par rapport à un agent d’assurance est qu’il est indépendant et peut ainsi accéder à tous les contrats, même les plus spécifiques. Cela peut être pratique quand on emprunte avec un risque aggravé (problème de santé, métier à risque, loisirs extrêmes, sportif de haut niveau). Ces profils à risque sont généralement soumis à de nombreuses surprimes ou exclusions de garantie quand ils souscrivent des contrats “classiques”.

Le courtier a également un devoir de conseil et saura bien vous guider dans le choix du contrat le plus adapté à votre situation. Par ailleurs, sa connaissance du marché et des différentes offres lui permettra de vous proposer des contrats avec des tarifs plus avantageux pour des garanties équivalentes.

Chez Social Care Consulting, nous pouvons vous accompagner sur la recherche et la souscription de votre contrat d’assurance emprunteur. Soit grâce à notre comparateur en ligne Lilycare, soit en nous contactant directement pour discuter de votre dossier. L’assurance emprunteur relève de la prévoyance. Nous sommes donc parfaitement qualifiés pour vous conseiller ! Contactez-nous dès aujourd’hui.

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